Ayant dépassé l’âge de la mort du Christ de 10 ans je me considère privilégié. Entre une boutade et une angoisse souvent la vérité se situe au milieu.

Il faut conduire sa barque dans une société qui change à une vitesse vertigineuse. Probablement notre évolution est exponentielle, à l’image de l’expansion de notre univers.

J’ai grandi dans un monde insouciant et émancipé. La Belgique, pays du compromis, petit pays à petits problèmes. Loin des restrictions, loin de la guerre, loin du terrorisme. Loin parce-que tout de même paradisiaque sans les palmiers et le soleil.

Les choses ont changées. La naïveté enfantine à fait place à une réalité plus farouche. Désormais des gens se font sauter dans un métro au nom d’un Dieu. D’autres séquestres des jeunes filles dans une cave. Certains veulent en finir avec notre royaume et le spectre d’une séparation n’a jamais été aussi présent. Les nationalistes et les populistes sont de retour.

Il n’y a pas que notre pays. Quid du monde ? Trois jours sans pluie et sans vent nous obligent à réduire notre vitesse. Bienvenue sur la planète la plus polluée de la galaxie. Il est minuit moins une. La terre n’en peut plus.

Si au moins elle était plate on pourrait balancer nos déchets par-dessus..

C’est dans ce monde que mes trois garçons, la fierté de ma chère, vont se frayer un chemin. Le tour en vélo dans le quartier a fait place à une séance devant un écran de smartphone. L’avenir s’annonce difficile. De travail il y en a chez nous. Mais les exigences sont élevées. La prestation d’une année doit à chaque fois surpasser la prestation précédente. Rester dix ans dans une même entreprise sans burn-out tiendra du miracle.

Mes enfants devront être flexibles, enclin au changement et prompts à supporter un stress quotidien. Ce sera sans la sueur au front, comme nos grand-parents, mais avec un mental d’acier qu’ils devront traverser les obstacles dans un monde du travail qui se libéralise encore et encore.

Sortir avec les copains n’importe où jusque n’importe quelle heure me fait déjà frissonner alors qu’ils n’ont pas encore l’âge.

Et la joie de vivre dans tout cela ? Ooh elle est bien présente, elle l’a toujours été. Car malgré les bobos de notre société et les tracas du pays il y fait encore bon vivre. Si l’Italie est une terre d’émigration la Belgique est une terre d’accueil. Merci.

La Belgique est un pays sans projet de mur avec le Mexique, sans interdiction de se marier avec un partenaire du même sexe, sans tabou pour rire de tout avec tout le monde, sans se prendre au sérieux, sans guerres civils, sans dictature, sans famine, sans ségrégation, sans catastrophes naturelles, sans toilettes turcs et sans complexes.

Coucher de soleil sur la Belgique

J’y ai trouvé mon compte, ma femme, mes amis et mes passions. Je travaille pour vivre et non pas le contraire donc passons les détails quant à mon gagne-pain. Il n’y a que deux types de travailleurs. Les gilets jaunes et les autres. On résume, tu bosses sérieusement, mais si t’es dans le mauvais panier, t’as pas assez pour vivre dignement.

Je n’ai pas à me plaindre.

Ma femme est tellement exceptionnelle que je n’ai pas envie d’en parler. On risque de me la voler!

Sur le "Tracciolino" des gorges du Melfa

Mes vrais amis je les compte sur les doigts d’une main. Et encore parfois j’ai l’impression d’avoir travaillé dans une scierie.

Quid de mes passions ? Elles sont nombreuses mais stables et inconditionnelles.

Il y a d’abord mon jardin. Petit mais coquet. Ce doit être la nostalgie pour le sud qui m’a poussé à planter des exotiques à tout va. Les hêtres et rosiers habituels sous nos latitudes ont faits place à des oliviers, palmiers, yuccas et autres agaves. Un hobby qui demande beaucoup d’attention et beaucoup d’amour. Un vrai challenge avec une belle récompense à la clef. Pas question de jouer à la baballe dans le jardin.

Lorsque le changement climatique aide la main verte du jardinier

Ensuite il y a ma passion la plus ancrée. Le Standard De Liège et le foot. Celle qui me rapproche le plus de mon père qui hélas suit les rencontres de là-haut. Un virus profond qui conduit parfois à me comporter comme un adulte irrationnel.  Un échappatoire de frustrations, un lieu de rencontre avec mon frère, un endroit où je me sens bien. Du bruit, des gens coincés comme des sardines et des couleurs rouges et blancs.

Supporters du Standard de Liège

Pour terminer il y a ce lieu.

Un parfum de figues, un vent léger en fin de journée, un soleil de plomb, une vue à couper le souffle, une histoire millénaire, une cuisine authentique, des maisonnettes en pierres, des églises en guise de buildings, des ruelles étroites, un dialecte incompréhensible, j’ai nommé Atina et sa région.

Chaque soir avant de m’endormir je me vois sur place. Même un chien abandonné pour me tenir compagnie à l’ombre d’un platane. Je pourrais y méditer et essayer de parler avec les pierres. J’ai été élevé avec l’amour pour l’Italie. C’est mon deuxième merci. Merci maman.

Je crois que Dieu existe, je ne sais pas si c’est lui qui a créé le monde mais si il séjourne quelque part c’est surement en Italie.

 Sur un "trabucco" (technique de pêche traditionnelle) de l’Adriatique


 La famille Brolet prête pour la pizza

 Une ruelle d’Atina

Philippe Brolet - Bruxelles

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